« Monde & Vie » et l’affaire Reynouard

Lu dans la dernière livraison du bimensuel Monde & Vie (20 septembre 2010) à la rubrique « Courrier des lecteurs ».

VINCENT REYNOUARD

J’ai eu le privilège, grâce à une amie qui l’a enregistré à mon intention, d’écouter l’échange de propos auquel Eric Letty a récemment participé sur Radio-Courtoisie au sujet de l’incarcération pour délit d’opinion de Vincent Reynouard. Si « Monde et Vie », sous sa direction, faisait dorénavant preuve de la même indépendance d’esprit que Radio-Courtoisie sous celle d’Henry de Lesquen, et venait enfin à évoquer dans ses colonnes le scandale que constitue cette incarcération pour délit d’opinion, j’irais même jusqu’à lui pardonner, par exemple, d’ouvrir si souvent ses colonnes aux délires shoatiques d’un abbé de Tanoüarn !

Mais je profite de cette occasion de lui écrire pour lui faire l’amical reproche suivant: celui de s’être récrié, au cours du susdit débat radiophonique, qu’en dépit de sa formation d’historien il n’était pas révisionniste… comme si un historien digne de ce nom ne devait pas être, d’abord et avant tout révisionniste, faute de quoi il ne serait qu’un pitoyable rabâcheur d’histoires! A moins qu’il n’ait à dessein confondu révisionnisme et négationnisme, ce qui de sa part serait consternant!

M.D., 29000 Quimper

REPONSE D’ERIC LETTY:

Je pense que l’histoire ne naît pas de la révision, mais de la controverse. Comme le dit fort justement Jean-Yves Le Gallou, toute recherche suppose de pouvoir être discutée, et la recherche historique ne fait pas exception à la règle. Or sur ce chapitre de la Deuxième Guerre mondiale, la discussion est fermée; le dogme et l’acte de foi se substituent à l’histoire. Cela interdit non seulement la controverse, mais le dialogue et même la simple écoute d’autrui. J’estime que l’analyse que développe l’abbé de Tanoüarn n’a rien d’un délire et qu’elle est au contraire intéressante. Certains lecteurs y ont, comme vous, réagi vivement; je ne suis pas sûr que ces réactions auraient été aussi vives s’il ne pesait pas un interdit, un tabou au sens le plus littéral du terme sur ce point d’histoire. A cet égard, la loi Gayssot, votée à l’époque par la droite comme par la gauche, est une loi totalitaire et empoisonnée. Non contente [sic] d’interdire le débat, elle accuse implicitement les personnes qui ne pensent pas dans le sens imposé d’être des antisémites et des nazis, ce qui est d’autant plus imbécile que, comme je le rappelais sur le plateau d’Henry de Lesquen, le fondateur du « révisionnisme », Paul Rassinier, fut député SFIO, résistant et déporté à Buchenwald. Quant au fond de la question, ma conviction est que les nazis ont déporté des Juifs par familles entières et les ont éliminés physiquement en tant que tels, ce qui me paraît plus important que les méthodes utilisées pour les tuer. Je n’en écrirai pas davantage, puisque précisément le débat est interdit et que, si vous n’êtes pas d’accord avec moi, des élus qui passent leur temps à donner des leçons de tolérance vous interdisent de le dire.

Quant à enfermer derrière les barreaux un père de famille de huit enfants pour un délit d’opinion portant sur un sujet historique, à une époque où l’on n’incarcère même plus les voyous qui frappent les policiers à coups de marteau, cela me paraît relever du totalitarisme que les amis communistes de M. Gayssot savent si bien pratiquer, avec la complicité des pharisiens et des moutons.

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